L’art de réfléchir

Cette semaine, j’ai envie de vous parler de l’art de réfléchir.

Justement, j’ai réfléchi à quoi vous écrire. Mon stratège m’a suggéré de parler de l’exposition de photo que je suis allé voir cette semaine à l’Arsenal. Mais je trouvais que c’était trop dur de parler d’art, parce que c’est trop subjectif, trop dans l’émotion, trop personnel comme approche. Puis, cette exposition a frappé mon imaginaire. Je sentais que si je commençais à écrire là-dessus, je me serais moi-même mis à l’Index, tellement j’avais envie de vilipender tous ceux qui s’attaquent à la terre pour s’enrichir. Bref, ça m’a fait réfléchir. Edward Burtynsky m’a fait réfléchir.

L’art fait réfléchir.

Mais moi, je veux vous parler de l’art de la réflexion. Parce que, oui, réfléchir, ça prend presque un baccalauréat. Blague à part, le fait de penser, ça prend des moments consacrés à tout ça. Il faut planifier ces instants de lucidité, ou cette espèce de transe où on ne sait plus trop où l’on se trouve, ailleurs dans notre tête, dans nos idées. Réfléchir devient un peu le reflet de notre identité. Cette action de se remettre en question ou de remettre en question des idées reste quelque chose de sain. Il faut se poser des questions, se forcer à voir plus loin, solutionner, imaginer la réponse ultime. Sans se censurer, y aller crûment, sans se voiler, des réflexions à l’état brutes.

Une identité d’entreprise, c’est aussi être dans cet état d’esprit par moment. Se permettre de questionner, de réfléchir, de penser à voix haute, de trouver des idées qui alimenteraient des discussions et qui en provoqueraient d’autres. Comme rédacteur, réfléchir laisse souvent place à des pages blanches, ou bien des gribouillis parce que les mots ne reflètent pas ce qui se passe dans une tête. Au moment où j’écris ces lignes, je réfléchis justement à quoi je pourrais bien vous dire de façon professionnelle. C’est comme ça. On ne peut s’empêcher de dire qu’on cherche quoi dire, qu’on y pense et puis qu’on arrive à la conclusion qu’on n’a pas trouvée. Il y a des journées comme ça. La vie est faite comme telle, parfois.

Peut-être que je me perds un peu à vos yeux, oui. Mais je réfléchis toujours. Je cherche toujours à en savoir plus sur le monde qui m’entoure, à observer le comportement humain, animal, des nuages et des voitures. Comment pourrait-on renverser le cours de l’histoire pour mettre fin à l’injustice dans le monde ? J’y pense constamment. Pourquoi est-ce qu’une entreprise fait la promotion de ses produits, mais ne voit pas que c’est plutôt son identité qu’elle devrait promouvoir ? Ça implique une réflexion avec des recherches, une période de questionnement durant laquelle je confronte la bête de front. J’observe le stratège travailler, ça me force à raisonner. Il me lance des idées, ça allume une flamme dans ma tête et puis la chandelle de cire se met à couler, déclenchant ainsi un processus avec ma plume et l’encre.

La musique me fait aussi réfléchir. La nature, les journées ensoleillées, des lectures intéressantes, mon chat, j’en passe, il y a tellement d’occasions fortuites pour se mettre à penser juste en observant autour de soi. La nuit, dans la douche, devant la télé, on est constamment dans notre tête. Ça ne finit jamais, comme si nous avions tous une autoroute sans fin dans la caboche, avec des boucles et des ronds-points qui s’entremêlent pour arriver à des destinations parfois désertiques, ou bien dans des culs de sacs, sinon dans une ville avec un saloon qui nous attend avec une bière froide et un bol d’arachides, avec l’idée que nous attendions tous. Réfléchir peut nous amener partout, à condition de ne pas y rester. Il faut quand même garder un pied dans la réalité, sortir des idées de temps en temps et les coucher sur le papier, pour qu’elles vivent d’elle-même.

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