Les mots : souvenirs de jeunesse

J’ai toujours aimé les mots, vous le savez probablement. J’ai toujours eu cet attrait pour les livres, le contact avec les pages qui ont passé le cours du temps. Aller dans une librairie, dans une bibliothèque, à la recherche du roman qui m’emmènera ailleurs, passer des heures à chercher, à feuilleter, à tenter de partir dans ma tête, contempler les couvertures. Cette envie, encore et toujours présente aujourd’hui, m’a mené récemment à faire les démarches pour offrir mon temps comme commis de bibliothèque pour participer à cet échange de savoir, entre l’auteur, son œuvre, et des lecteurs de tous âges, chose qui me rendrait très heureux. D’assister à cette transmission, de voir les yeux illuminés des jeunes pousses qui trouvent le livre parfait, d’avoir le plaisir de voir les plus vieux s’attaquer à de gros volumes et parfaire leur vocabulaire, c’est une chance que je ne veux pas manquer.

Ce long préambule m’amène donc à vous parler de mes souvenirs de jeunesse.

J’ai grandi, de mes 5 ans à mes 11 ans, dans un petit village proche des lignes du Vermont où il y avait un hôtel de ville, une bibliothèque, un bureau de poste, une boulangerie, une caserne de pompiers, une Caisse pop, un dépanneur, un pub, une école, une église et pis une patinoire extérieure.

L’hiver, c’était le hockey. Vivre pour le hockey. Être le hockey. Jusqu’à épuisement. Soit à l’aréna, soit dehors, soit dans la maison ou dans la cour. Toutes les occasions étaient réunies pour que je prenne plaisir sur la glace fraîche du matin ou même celle du soir, sous les lumières et la musique, avec du chocolat chaud dans la cabane.

Mais il y avait toujours un moment pour lire. J’avais déjà une bonne collection de livres dans la maison. Puis, la bibliothèque était à tout juste 5 minutes de marche, à peine. Quand je n’étais pas dehors, j’avais un livre dans les mains. Peut-être plus une bande dessinée, tout dépend de biens des choses. J’ai passé des après-midi complètes à me balancer dans ma chaise berçante accrochée au mur à feuilleter les aventures de mes idoles Astérix et Obélix, Tintin et Le petit Nicolas.

Puis, l’été, c’était le soccer. Et les voyages, les sorties, les soirées longues. Le temps semble s’arrêter, même s’il avance encore plus vite. Lire en voiture, regarder les paysages défiler, rêver qu’on est le personnage de l’histoire, rêver à des scénarios complètement déjantés et ensuite débarquer au terrain de soccer pour une partie de fin de soirée avec les copains de toujours. C’était la vie rêvée.

Quand j’ai déménagé, quand j’ai quitté ce petit coin tranquille où tout semblait figé dans le temps, j’ai gardé cette essence de vie, cet attachement à ce cocon que j’avais dans ma tête, ce havre de paix dans lequel il n’y avait que moi et mes amis que je visitais dans les livres. J’ai mis le pied au secondaire, dans un nouveau quartier qui était plus grand que le centre du village où j’ai grandi. Tout un choc. Mais j’avais toujours les livres pour me ramener au chaud dans la rêverie et le confort.

J’ai découvert de nouveaux horizons. J’ai découvert de nouveaux styles de romans. Je me suis découvert un talent, une passion, une identité. Je savais que j’étais bien, la tête dans un livre. Je n’avais pas beaucoup d’amis, j’étais dans ma bulle. La solitude, elle devenait une amie que je devais apprivoiser. Mais j’avais mes livres. Au fil des années, je me suis mis à lire des romans de plus grands volumes, pour faire durer le plaisir, mais aussi pour défier le temps.

Aujourd’hui, je lis beaucoup moins. Mais ça ne m’empêche pas de regarder ma bibliothèque, dans ma chambre, et de me remémorer tous ces doux moments et retourner à mes anciennes amours, en prenant un livre ou une bande dessinée pour relaxer et sortir de ma tête. Je suis toujours aussi solitaire aujourd’hui, mais j’ai découvert que j’avais ce qu’il faut pour écrire, pour, à mon tour, avoir le pouvoir d’être capable d’écrire ce que j’ai toujours voulu dire tout haut. Il m’est venu le temps de poursuivre cette tradition et de permettre à plus jeune que moi de ressentir les mêmes sensations. Cette solitude me permet aujourd’hui d’apprivoiser l’écriture titanesque de ce roman qui me tient à cœur. Je veux que cette œuvre puisse vivre par elle-même.

Bref, j’espère qu’un jour vous me lirez, sans même le savoir, lorsque j’aurai mis mon roman sur les étagères d’une libraire au coin de votre rue, à la bibliothèque de votre quartier, pour que je rentre dans vos vies.

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